Faste matinée
....Il était 8h30 ce matin, j’avais
un Samuel nu comme un ver pédalant sur son matelas à langer (que j’avais pris
soin de poser par terre, je le soupçonne d’être déjà capable de se jeter par
terre et je ne tiens pas en avoir la preuve) un Noé sur le pot qui se chargeait
de l’animation :
« Un chiffon ffon ffon,
les petites maïonnettes » et j’étais partie chercher un body propre
pour le premier, ou peut être un livre pour le second, je ne sais plus, quand
j’ai été rappelée d’urgence par les cris aigus de Noé. Et là, croyez moi, il
faut rappliquer en vitesse parce qu’il n’est vraiment pas douillet… Et voilà,
gagné. Il se tient le front à 2 mains en hurlant « bobo maman bobo ».
Sous les mains une jolie plaie.
Si
je reconstitue les faits, vu
l’emplacement des protagonistes et le doux bruit du pot raclant sur le
plancher que je viens d’entendre, j’en déduis que cette nouille vient
de se payer le
radiateur en tentant de déplacer le pot sans se lever, donc tête
baisée, donc front
en avant en plein dans l’arête du radiateur en fonte.
Chouette.
Je suis en pyjama, il est en
pyjama, Samuel est tout nu et n’a pas encore déjeuné, la voiture est chez le garagiste.
Chouette.
C’est le moment que je déteste,
celui où je dois me souvenir que je suis médecin. Alors allons-y. Etat des
lieux, –hurlements- on désinfecte,-hurlements-, on sèche, -hurlements-, deux
stéristrips en vitesse, -hurlements-, du doliprane à la fraise et un bisou
magique, il se calme, ça ne saigne plus. Ouf.
Deuxième étape, habiller et faire
manger Samuel qui commence à s’impatienter et niveau décibels, il n’a rien à
envier à son frère. Donc : Vite.
Troisième étape :
m’habiller. Et réfléchir. Sachant que depuis qu’il a son manfant
(pansement ndlr) il a déjà recommencé à grimper partout en chantant à tue tête,
que vu le cirque qu’il m’a fait pour ledit pansement –et je ne vous parle pas
du vaccin de la semaine dernière, j’imagine bien la corrida pour une suture.
Etant entendu que je n’envisage pas vraiment de partir aux urgences en métro
avec mes 2 mouflets et que je ne vais quand même pas appeler les pompiers pour
mon fils, oui oui, celui qui saute dans le canapé là : il va très
mal ! Vu que les médecins de mon coin à qui j’ai téléphoné ne font pas de
sutures et que la pharmacie ne délivre pas de colle magique à recoller les
enfants, j’ai décidé qu’il ne risquait rien de plus finalement qu’une cicatrice.
On a conclu un marché : tu restes sage et tu ne hurles pas pendant que je
refais le pansement et pour te récompenser on ira au manège. Honnête.
C’est à ce moment là qu’a sonné
le monsieur des impôts qui venait vérifier qu’on n’avait pas de télé.
Evidemment. Alors que Gabriel héberge charitablement la télé d’un copain
pendant la coupe du monde. Evidemment. Samuel sur le bras droit, Noé pendu à ma
main gauche, je fais entrer le monsieur. Pas la peine de faire semblant,
l’intruse et son mètre cube sont à peu prés aussi inratables dans mon salon que
la balafre sur le front de mon fiston. J’ai quand même raconté mon histoire,
tandis que Noé serinait en boucle qu’il allait aller au manège tout à l’heure,
en n’omettant pas de préciser qu’heureusement on serait bientôt débarrassés de
ce truc puisque la France aura perdu à la fin de la semaine. Il n’était pas
d’accord, il pense que les blacks sont trop sûrs d’eux avec leurs 42 essais en
4 matchs et que rien n’est perdu. Après quoi il m’a fait signer un PV sur
lequel il est stipulé que je ne dois pas payer de redevance. Alléluia !
Il m’a crue, Merci Monsieur !
Sur quoi, le monsieur
raccompagné, je suis retournée à mon petit marché conclu avec Noé. Il a assuré
sa partie du contrat, j’ai pu le barder de strips tandis qu’il m’expliquait
qu’il allait monter sur le camion rouge qui tourne etc… Sauf que j’avais oublié
un détail, le manège, il faut y aller en voiture et la voiture souvenez vous,
est toujours au garage. Qu’à cela ne tienne, il ira ce soir avec son papa
pendant que je resterai à la maison avec Samuel qui est trop petit pour le
manège, et toc ! Reste à espérer que le papa rentre assez tôt du travail,
avec la voiture et accepte le programme que nous lui avons préparé… C’est
presque gagné !
Après les choses sont plus
simples, une petite course à la poste, à la mairie, à la pharmacie, un tour de
toboggan et en passant devant la boulangerie sur le chemin du retour, j’ai
décidé que je méritais moi aussi ma récompense pour cette faste matinée :
un éclair au café et, pour ne pas avoir à le partager, un au chocolat pour Noé.
A l’heure du dessert, il n’avait vraiment pas l’air malheureux mon bonhomme.
Et puis cette cicatrice après
tout, il pourra s’en servir pour impressionner les filles en contant le récit
de sa blessure de guerre :
« Des conditions
épouvantables, je pilotais mon pot de chambre quand j’ai été violemment percuté
par un radiateur en stationnement. Un choc frontal, j’avais aucune
chance… »