Caterpillar
Alors cette petite fille, ça doit vous changer non?
Et bien, en fait... Non. Pas vraiment. En fait de petite fille toute calme on vit plutôt avec un genre de Godzilla qui aurait les yeux bleus, un mignon petit Terminator. Et en fait de coiffer des petits poneys sans bruit sur le tapis, c'est plutôt ambiance bulldozer mais avec des fossettes...
Parceque cette petite princesse, sitôt qu'elle est réveillée (heureusement ce n'est pas si souvent) part à l'assaut du monde avec un enthousiasme vorace. Elle grimpe, elle escalade, elle explore, elle ouvre, elle vide, elle goûte, elle secoue, elle tire, elle pousse, elle tripote, elle déchiquète, elle balance, elle tape...
A l'instar de ses frères elle s'est découvert une passion pour la poubelle qu'elle remplit allègrement avec ce qui lui tombe sous la main: les couverts, les fruits, ses chaussons, mon téléphone. Et si d'aventure la poubelle est trop pleine à son gout, qu'à cela ne tienne: elle la vide sur le sol de la cuisine: Tiens, salut les couches, les épluchures, les pots de yaourts....
Heureusement, de temps en temps, quand elle est fatiguée de conquérir le monde, quand elle a besoin d'être consolée des tiroirs vicieux, des escaliers récalcitrants, des coins de table agressifs, des biberons trop petits ou des doudous qui se cachent, elle pose sa tête sur ma poitrine. Sa grosse tête toute douce et duveteuse. Toute en finesse elle m'escalade, bazarde ce que je suis en train de faire, arrache mon écharpe ou mon foulard si j'ai eu l'indélicatesse d'en mettre un et pose sa joue contre moi. Et bien entendu je fonds. Je fonds et j'oublie que je suis fâchée de devoir encore ramasser les couverts éparpillés, plier et remettre toute sa garde robe dans son armoire, réintégrer les ordures du jour dans la poubelle, ranger la bibliothèque et réunir le contenu de mon sac à main disséminé aux quatre coins du salon... Ca me rappelle quelqu'un.